Pourquoi de plus en plus de seniors choisissent de s’installer à l’étranger à la retraite
Partir vivre à l’étranger à la retraite séduit un nombre croissant de seniors français. Coût de la vie plus bas, climat plus doux, envie de changer de cadre ou de se rapprocher de la famille : les motivations sont nombreuses. Ce projet de retraite à l’étranger ne se résume pourtant pas à faire ses valises. Il implique des démarches administratives, une réflexion approfondie sur la fiscalité et une anticipation de la couverture santé.
Pour bien préparer ce changement de vie, il est essentiel de comprendre les enjeux de l’expatriation des retraités, les risques associés, mais aussi les opportunités. Que l’on envisage de s’installer au Portugal, en Espagne, au Maroc, en Thaïlande ou ailleurs, les mêmes grandes questions se posent : comment continuer à percevoir sa pension ? Où paiera-t-on ses impôts ? Comment être remboursé de ses soins de santé ?
Préparer son projet de retraite à l’étranger : les questions clés
Avant toute démarche, un projet de départ à l’étranger à la retraite nécessite un temps de réflexion. Il ne s’agit pas seulement de choisir un pays agréable, mais de vérifier que ce pays correspond réellement à ses besoins de senior, aujourd’hui et dans 10 ou 15 ans.
Quelques questions fondamentales à se poser :
- Le coût de la vie est-il réellement plus avantageux une fois pris en compte le logement, l’assurance santé et les déplacements ?
- Le système de santé local est-il accessible, fiable et adapté aux besoins des personnes âgées ?
- Existe-t-il une communauté francophone ou des structures d’accueil pour expatriés ?
- Quelles sont les conditions de séjour : visa de retraite, permis de résidence, durée maximale de séjour ?
- Comment sera organisée la fiscalité de la retraite : imposition en France, dans le pays d’accueil ou les deux ?
- Que se passe-t-il en cas de perte d’autonomie, de handicap ou de besoin de retour en France ?
Cette phase de préparation permet de comparer plusieurs destinations de retraite, de rencontrer d’autres retraités installés sur place et d’identifier les éventuels freins : barrière de la langue, isolement, accès aux soins spécialisés, sécurité, stabilité politique.
Démarches administratives pour partir vivre à l’étranger à la retraite
Les démarches varient selon que l’on s’installe dans un pays de l’Union européenne ou hors UE. Pour les retraités, certaines étapes sont communes et méritent d’être anticipées plusieurs mois avant le départ.
Informer les caisses de retraite de son changement de résidence
Le premier réflexe consiste à signaler son départ à l’étranger à ses différents régimes de retraite (régime général, Agirc-Arrco, régimes spéciaux, etc.). Il faut leur communiquer :
- la nouvelle adresse à l’étranger ;
- les coordonnées bancaires internationales (IBAN et BIC) si la pension doit être versée sur un compte étranger ;
- une copie éventuelle des justificatifs de résidence selon les demandes de chaque caisse.
Les caisses peuvent demander chaque année un certificat de vie à faire valider par une autorité locale (mairie, consulat, notaire…). L’absence de retour de ce document peut entraîner la suspension du versement de la pension.
Signaler son départ à l’étranger à l’administration fiscale
Le changement de résidence fiscale doit être communiqué à l’administration française. La déclaration de revenus est adaptée en fonction de la date de départ et du nouveau pays de résidence. Cette étape est déterminante pour l’imposition des pensions de retraite. Un rendez-vous avec un conseiller fiscal ou un expert-comptable spécialisé dans l’expatriation des seniors peut être utile pour optimiser la situation.
Se renseigner sur les conditions de séjour
Pour un pays de l’Espace économique européen, le séjour de longue durée d’un retraité français est en principe facilité : une carte de séjour peut être nécessaire, mais le droit de résider est reconnu. Hors Europe, il faut en général :
- demander un visa de résidence longue durée ou un « visa retraité » lorsqu’il existe ;
- justifier de ressources financières suffisantes (pensions, épargne) ;
- présenter une assurance santé internationale ou une couverture médicale locale ;
- parfois prouver la location ou l’achat d’un logement.
Chaque pays a ses propres règles : la Thaïlande, par exemple, impose des montants minimums de revenus ou d’épargne aux retraités étrangers, tandis que d’autres États misent sur des programmes de « visa doré » pour attirer les seniors aux revenus stables.
Fiscalité des retraités expatriés : où paie-t-on ses impôts ?
La fiscalité internationale est un point central pour les seniors qui s’installent à l’étranger. Le lieu de résidence fiscale détermine principalement où les pensions sont imposées. En pratique, il dépend de plusieurs critères : pays où l’on vit plus de 183 jours par an, centre des intérêts économiques, présence de la famille, etc.
Le rôle des conventions fiscales internationales
La France a signé de nombreuses conventions fiscales bilatérales pour éviter la double imposition. Ces conventions précisent :
- dans quel pays sont imposées les pensions publiques (fonctionnaires, régimes spéciaux…) ;
- où sont imposées les pensions du secteur privé ;
- comment sont traités les autres revenus (immobiliers, financiers, etc.).
Dans certains cas, la pension de retraite française reste imposable en France même si la personne vit à l’étranger. Dans d’autres, elle n’est imposable que dans le pays de résidence. Le Portugal a ainsi longtemps attiré les retraités avec un régime fiscal très favorable, largement médiatisé, avant son durcissement progressif.
Résidence fiscale et conséquences pratiques
Être résident fiscal à l’étranger ne signifie pas être exonéré d’impôts en France. Les retraités peuvent rester imposables en France sur certains revenus, en particulier :
- revenus immobiliers provenant de biens situés en France ;
- certains types de pensions ou de rentes selon les conventions fiscales ;
- plus-values réalisées en France.
Il est donc recommandé de :
- consulter les textes de la convention fiscale entre la France et le pays d’accueil ;
- simuler la fiscalité avant et après départ ;
- éventuellement réorganiser son patrimoine (vente, démembrement, assurance-vie) pour limiter la charge fiscale globale.
Couverture santé des seniors à l’étranger : les différents scénarios
La question de la prise en charge des soins médicaux est cruciale pour un départ à l’étranger à la retraite. Les besoins de santé augmentent avec l’âge, et le coût des soins peut être très élevé dans certains pays. Le choix entre maintien dans un système de type Sécurité sociale, assurance privée ou complémentaire internationale doit être étudié avec attention.
S’installer dans un pays de l’Union européenne ou de l’Espace économique européen
Pour un retraité français qui part vivre dans un pays de l’UE/EEE ou en Suisse, des mécanismes de coordination des systèmes de sécurité sociale existent. En fonction de la situation :
- le formulaire S1 (ancien formulaire E121) peut être demandé à la caisse primaire d’assurance maladie ;
- une fois enregistré dans le pays d’accueil, il permet de bénéficier des soins comme les résidents locaux, pris en charge par ce pays et remboursés par la France ;
- la Carte européenne d’assurance maladie reste utile pour les séjours temporaires dans d’autres pays de l’UE.
Dans ce cas, le senior reste généralement affilié au régime français pour le financement, mais ses soins sont organisés par l’assurance maladie locale. Il est souvent conseillé de conserver une mutuelle santé pour compléter les remboursements et couvrir des postes mal pris en charge (optique, dentaire, hospitalisation privée).
Vivre sa retraite hors Europe : les options de couverture
En dehors de l’UE/EEE, le retraité ne bénéficie plus automatiquement de la Sécurité sociale française pour ses soins courants. Plusieurs options s’offrent à lui :
- adhérer à la Caisse des Français de l’Étranger (CFE) : cette structure permet de conserver une couverture de base calquée sur celle de l’Assurance maladie française, avec différentes formules pour les soins, l’hospitalisation et parfois la dépendance ;
- souscrire une assurance santé internationale privée : plus coûteuse, mais souvent plus large, avec prise en charge dans différents pays, accès à des cliniques privées et assistance rapatriement ;
- opter pour une assurance santé locale : parfois économique, mais couvrant uniquement les soins dans le pays d’accueil et avec des plafonds ou exclusions à vérifier.
Pour les seniors, la sélection de garanties adaptées (maladies chroniques, hospitalisation longue durée, traitements de longue durée) est essentielle. Certains contrats limitent les prises en charge après un certain âge ou appliquent des surprimes importantes ; il est donc utile de comparer plusieurs offres spécialisées dans l’assurance santé pour expatriés.
Accès aux soins, dépendance et retour éventuel en France
S’installer à l’étranger à la retraite ne doit pas faire oublier l’évolution possible de l’état de santé. Avec l’âge, la question de la perte d’autonomie, des maladies neurodégénératives ou de l’entrée en établissement médicalisé peut se poser, souvent plus brutalement que prévu.
Quelques points de vigilance pour les seniors qui envisagent la retraite à l’étranger :
- vérifier l’existence de structures adaptées aux personnes âgées (maisons de retraite, services de soins à domicile, unités Alzheimer, etc.) ;
- se renseigner sur les coûts de ces structures et sur la prise en charge éventuelle par l’assurance santé ;
- anticiper la possibilité d’un retour en France en cas de problème majeur de santé, via une garantie de rapatriement sanitaire.
Pour certains retraités expatriés, le maintien d’une adresse de référence en France, la conservation de liens étroits avec la famille et la préparation d’un éventuel retour font partie intégrante du projet. Des contrats d’assistance incluant rapatriement, accompagnement administratif et prise en charge des proches peuvent être envisagés pour plus de sécurité.
Choisir une assurance santé pour retraités à l’étranger : critères de sélection
Les comparateurs en ligne et les courtiers spécialisés proposent de nombreux produits d’assurance pour les seniors qui s’installent à l’étranger. Pour choisir une couverture adaptée, certains critères sont particulièrement importants :
- le niveau de prise en charge des consultations, hospitalisations et médicaments ;
- la présence ou non de plafonds annuels et de franchises ;
- les exclusions (maladies préexistantes, affections de longue durée, soins psychiatriques, etc.) ;
- l’âge maximal d’adhésion et les conditions de maintien du contrat dans le temps ;
- l’étendue géographique de la couverture (seulement pays d’accueil ou couverture mondiale) ;
- la possibilité de soins en France lors de séjours temporaires ;
- la rapidité des remboursements et la possibilité de tiers payant dans certains établissements.
Dans une optique de maîtrise du budget, il est souvent pertinent de comparer plusieurs niveaux de garanties, en tenant compte de son état de santé actuel, de ses antécédents médicaux et des habitudes de vie (sport, voyages fréquents, etc.).
Organiser son patrimoine et son budget pour une retraite sereine à l’étranger
Au-delà des démarches administratives, réussir son installation à l’étranger à la retraite suppose une gestion rigoureuse de son patrimoine et de ses revenus. La vente ou la location de la résidence principale en France, le maintien d’épargne disponible, la détention de produits d’assurance-vie ou de placements financiers doivent être envisagés selon le pays de résidence et la fiscalité locale.
De nombreux seniors choisissent :
- de conserver un pied-à-terre en France pour faciliter les retours temporaires ;
- de diversifier leurs placements pour ne pas être dépendants d’un seul pays ;
- de suivre régulièrement l’évolution des règles fiscales internationales pour adapter leur stratégie.
Des produits financiers et des contrats d’assurance spécifiques existent pour les expatriés et les retraités internationaux. Ils peuvent permettre d’optimiser la transmission du patrimoine, de protéger le conjoint survivant et de prévoir des ressources dédiées en cas de dépendance.
En préparant soigneusement chaque étape — des démarches administratives à l’organisation de la fiscalité et de la couverture santé — les seniors peuvent aborder leur projet de retraite à l’étranger avec davantage de sérénité. Une information claire, des conseils de professionnels spécialisés et une anticipation réaliste des besoins futurs sont les meilleurs alliés pour profiter pleinement de cette nouvelle étape de vie.
